Désert de glace ou désert de feu, j’en ai eu pour mon compte…
À en croire les millions de commentaires provoqués par le précédent billet (merci Tonton Jean-Philippe et Mamie Roberte!), je vois que vous ne pouvez plus attendre une seconde de plus pour connaître la suite de mes aventures en Islande.
Comme un jeune fennec bien sage, auquel sa maman dit qu’il ne sera pas privé de désert, j’en ai eu pour mon compte !
L’Islande rassemble en effet 300000 habitants, dont deux bons gros tiers habitent dans ou à l’entour de la capitale. Cela laisse beaucoup de place pour…. le vide !
Vide humain, bien sûr, parce que du côté des paysages, auxquels, vous me connaissez, je ne suis pas aussi sensible que des adultes, j’avoue que j’en ai pris plein les mirettes !
Nous avons eu la chance d’arriver, et de passer les 3 premiers jours de notre séjour sous un soleil de plomb (une canicule islandaise, en quelque sorte, avec tout de même 15° au thermomètre !), dont nous avons profité quelques 21 heures sur 24, à la louche, puisque nous étions vraiment à 2 doigts du cercle polaire. Au réveil d’un vilain rêve, la première « nuit », Maman profite pour prendre un cliché de la vue depuis la maison, autour des 2 heures du mat, qui ressemble donc à ceci :

Étonnant, non ?
Quand je vois le nombre de pubs pour les aurores boréales, j’ai comme l’impression qu’il nous faudra repasser…
Bref, nous profitons du soleil pour visiter, d’abord, les environs de Reykjavik. Les sorties se font à la journée, ce qui signifie… piquenique pour tout le monde ! Chui trop contente, c’est toujours pour moi un plaisir à la fois simple et intense ! Nous sommes dimanche, et il fait beau, alors cette première journée de découverte sera quelque peu peuplée, vous l’imaginez, d’autant que nous avons choisi de faire le fameux Golden Circle, surnom donnée à une classique découverte de déserts de feu, et de déserts de glace.
Histoire de se mettre en appétit, nous allons accomplir l’exploit de mettre un pied en Europe, et l’autre en Amérique, puisque l’Islande est née des frictions tectoniques entre ces deux plaques ; c’est vachement chouette pour PaMan, je suis quant à moi plus intéressée par des oies, qui promènent leurs petits oisons fièrement, dans un paysage à la fois lunaire et magnifique…
Je passe sur les quelques cascades et chutes d’eau devant lesquelles, PaMan se pâmant (j’apprends les allitérations, en prévision du CP), je reste quelque peu de marbre, pour vous parler plus en détail de….. Geysir.
Cet endroit est extraordinaire, saviez-vous que les geysers tirent leur nom de cet endroit, et de ce mot islandais, qui signifie jaillir ? Et non, l’Islande n’a pas exporté que Bjork, mais aussi ce mot si cool. Alors ce qui et bizarre, c’est que le geyser baptisé Geysir ne « fonctionne » plus ! Nous nous rabattons donc sur un second jet d’eau, qui crache toutes les 5 minutes des colonnes d’eau de hauteur très variable… Ma première expérience est presque risible, un tout petit jet de rien du tout qui m’arrache un :
« Il se moque de nous, là hein ! », et je prends donc confiance, en attendant le crachat tellurique suivant, qui me fait sursauter et me jeter dans le jupons de ma mère, en atteignant une hauteur de 20 mètres, dans un fracas d’eau et de vapeur quasi assourdissants.

La trouille de ma vie, j’vous jure !
Alors, bien que rendue méfiante, je me laisserai encore surprendre par le coquin, en faisant un bond qui sonnera le glas de notre visite sur place. Direction un lac qui comble le cratère d’un volcan endormi – trop chouette, rien à craindre,

Avant de rentrer tranquillou dans notre appart, où je dors à l’étage, quand PaMan dorment au rez de chaussée ! Je grandis, je grandis….
Le lendemain, le temps n’a pas changé, et nous partons donc à la découverte lointaine d’un glacier qui répond au doux nom de Snaefellsjoekull, que nous voyons depuis la maison, mais que nous mettrons des heures à atteindre, la faute aux fjords innombrables dont nous devons suivre le sinueux tracé.
Croyez-le ou non, nous piqueniquons sur la plage, en petite tenue, et en compagnie de phoques gris, qui n’ont pas l’air très dérangés par notre présence.

Le village d’Hellnar nous offre sa fantastique côte, les falaises noires surplombent une mer où sautent quelques dauphins, des poussées basaltiques dessinent à la fois des colonnes sur lesquelles nichent des goélands, et de drôles de dessins ou d’arches… C’est chouette, et en même temps, je crois que je n’ai jamais vu une telle concentration de photographes si loin de tout…

Une petite montée en voiture nous emmène ensuite au pied du glacier, et j’aurai donc, dans pratiquement la même heure, trempé un pied dans l’atlantique, et fait une glissade dans la neige ! Ce monde est vraiment drôle, ne trouvez-vous pas ?

Vous pourriez penser que ma chambre, ainsi que celle de PaMan, sont protégées des rayons du soleil de quasi minuit, et que nous dormons donc dans une obscurité quasi absolue ! Et bien non. En bon quasi scandinaves – rappelons que ce sont des norvégiens persécutés par un roi despotique qui ont colonisé, en 930, cette accueillante île-, les islandais ne mettent pas de volet à leurs fenêtres, et encore moins de rideau pour se protéger du jour ! Car le jour, ils savent que cela leur manquera l’hiver suivant, alors quand lumière il y a, lumière ils prennent ! Je m’habitue assez vite à cette situation (tout de suite, en fait !), et Maman fait de même. Quant à Papa, ce rabat-joie, il ne dormira qu’à notre retour, hi hi hi !
Le 17 juin est la date anniversaire de l’indépendance de l’Islande. C’est férié, bien entendu, et c’est la fête des enfants, surtout. Je suis aux anges, la capitale s’est transformée en un immense château gonflable, et je m’éclate, malgré un crachin quelque peu pénétrant. Bon, PaMan ont l’air de s’amuser un poil moins que moi, mais tant pis pour eux !

Ils s’éclateront à laver mes chaussettes, après que j’ai gravi sans chaussure les trampolines, châteaux et sphinx gonflables (blague à part, une machine à laver le linge qui donne des instructions en islandais, ça à l’air coton à utiliser, sans mauvais jeu de mots !)
Ces balades régulières dans le centre de Reykjavik sont vraiment chouettes, c’est en fait une toute petite ville, sans boutique clinquante genre Vuitton ou je ne sais quoi, et cela me dépayse vraiment. Nous quitterons néanmoins bientôt ce cocon pour une virée de 2 jours, inspirée par Tata Laurence, qui a fait le voyage il y a longtemps, et a glissé à l’oreille de Papa le mot magique de Jökulsárlón.
Sur le papier, 5 heures de route pour aller voir un lac, je vous accorde que le pari est risqué. Après s’être un peu renseigné, l’on lit de-ci ou de-là qu’il s’agit d’une des merveilles du monde, et les distances commencent à se raccourcir.
Dans les faits, quitter Reykjavik sous un pénétrant crachin n’a rien de déplaisant, d’autant que quelques kilomètres suffisent à faire oublier cette désagréable douche. Un petit arrêt dans un ville connue pour ses très nombreuses sources chaudes me permettent de cueillir sur l’arbre une tomate mûre, et d’observer, croyez-le ou non, un magnifique caféier, ainsi que quelques bananiers, qui poussent sous serre, chauffés par cette bonne vieille Gaïa ! La petite balade nous emmène même vers un ruisseau dans lequel on peut faire cuire ses œufs (pour peu que l’on ait pensé à en apporter, bien évidemment…) !

Je ne sais si je vous l’ai déjà écrit, mais les cascades et chutes d’eau sont en Islande légions. Le mélange de glaciers, de reliefs, et de précipitations expliquant cela. L’une des plus célèbres est la Seljalandfoss (dire la cascade de Seljalandfoss serait une tautologie, foss voulant dire cascade ;-)), et l’on peut en faire littéralement le tour.
Ce sera le seul moment de notre séjour où nous devrons revêtir nos ponchos, car le vent et la puissance de la chute nous jouent des tours, en nous arrosant copieusement ! Nous nous marrons bien en voyant des touristes asiatiques, tentant de s’immortaliser avec leur téléphone perché au bout de bâtons spécialement étudiés….


Un piquenique et une sieste plus loin (beaucoup plus loin, me diront PaMan, la route fut plus longue pour eux que pour moi !), je me réveille au pied d’un vulgaire talus, derrière lequel on aperçoit une langue glaciaire. Ok, le soleil commence à descendre sur l’horizon, la lumière est jolie, mais je me demande pourquoi nous nous arrêtons, et pourquoi PaMan, que je considère sur le moment comme parents indignes, me font sortir de l’auto !
Bon gré mal gré, je m’exécute, gravit les quelques mètres qui nous séparent de la crête du talus (dont j’apprends qu’il est en réalité une moraine), et la vue me coupe la chique ! J’en oublie de réclamer mon goûter, et entr’aperçois les yeux brillants d’émotion d’un Papa qui n’en revient pas…
Il faut dire que la beauté de l’endroit est à couper le souffle, et nous restons silencieux quelques instants, avant que la vie ne reprenne son cours, et que je me mette à lancer des cailloux dans le lac, au grand dam des oies et des phoques qui pensaient passer une soirée tranquille dans ces eaux calmes.



La fascination qu’exerce le lieu sur nous fait que Maman repartira profiter du coucher de soleil, et d’une marée montante, pour s’émerveiller devant des glaçons rendus par la mer à une plage de sable noir,

Et que nous repasserons, après la nuit, pour observer encore, sous un ciel de plomb, cette fois-ci, un phoque se reposer sur un de ces milliers d’icebergs, avant de rencontrer un moniteur de ski travaillant à Bellevaux, à deux pas de la maison, donc !

Un long retour nous emmènera vers de charmantes et typiques églises, des plages paraît-il infestées de macareux, symbole national uniquement visible sur les magnets vendus dans les magasins de souvenirs de la capitale, et vers une fin de séjour islandais tout en douceur, qui finira en beauté par un tour rapide (quand il pleut, il pleut, dans ce pays !) au Blue Lagoon, qui n’a pas volé son appellation !

Alors nous y voici, ces vacances étaient super, mais maintenant, c’est des grandes vacances que je profite à fond, pour aller voir, en vrac, mon Papy, des marmottes, un chamois, et pour m’initier à la pratique du golf ! Et pour ceux qui ne savent pas, PaMan ont eu à surmonter quelques péripéties, côté organisation des vacances d’été, mais nous avons désormais nos billets, honni soit qui Bali pense !
Bises,
Alix !
64.126521
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